Le Point de vue d'Elise
"Tu es en retard," ronchonne mon père et je baisse les yeux vers la montre fissurée à mon poignet.
"Cinq minutes," je gémis. "Je suis en retard de cinq minutes."
"Si tu cessais de jouer à la putain, tu ne serais pas en retard," il hurle et lève la main pour me gifler. Sa main me frappe juste sur le bleu qui se trouve déjà sur ma joue et je peux sentir le sang commencer à couler sur ma joue.
"Va te nettoyer," il grogne. "Tu as un boulot ce soir."
Je le contourne et monte les escaliers vers ma chambre. "Je ne peux pas," je grogne en montant les escaliers. "Je travaille au diner."
"Tu peux faire les deux," dit-il avec un sourire en coin étalé sur son visage.
"D'accord," je marmonne alors que la panique commence à monter dans ma poitrine. Je sais ce que signifient ses boulots. Je me réveillerai le lendemain violée et couverte de plus de bleus. Je claque la porte de ma chambre derrière moi et je me glisse hors de mes vêtements d'école et dans mon uniforme de travail. L'uniforme du diner consiste en une jupe courte et une blouse à manches courtes.
Regardant dans mon miroir, je grimace à mon apparence. Il est impossible que je puisse couvrir tous les bleus. Enlevant la blouse, je mets un t-shirt blanc à manches longues puis je remets la blouse dessus. Espérons que Kina, le propriétaire du diner, fermera les yeux cette fois.
Je ramène ma tête de boucles indisciplinées en un chignon désordonné et j'applique un peu de fond de teint, espérant pouvoir couvrir le bleu et la coupure sur ma joue. En vérifiant mon reflet dans le miroir, je hausse les épaules en sachant que c'est le mieux que je puisse faire. Mon estomac gronde fortement me rappelant que je n'ai rien mangé de la journée. Sachant que je devrai faire face à mon père si j'essaie de manger en bas, je décide d'ajouter un autre repas à mon ardoise au diner. Espérons que Kina ne s'en souciera pas.
En descendant les escaliers, je me dirige droit vers la porte d'entrée quand mon père se met devant moi et m'arrête dans ma lancée.
"Je pensais que nous pourrions discuter un peu avant que tu partes pour le travail," Je ne fais pas confiance au sourire qu'il a étalé sur ses lèvres. Mais il bloque mon passage et je n'ai pas vraiment le choix.
Il attrape ma main et me force à le suivre dans la cuisine et c'est là que je remarque un autre homme assis à notre table de cuisine. Il ressemble à l'un des amis typiques de mon père. Rugueux et avec un regard malveillant dans les yeux. J'essaie de ne pas faire attention à la façon dont ses yeux se promènent sur mon corps pendant que je me tiens maladroitement dans la cuisine, attendant que mon père commence à parler. Mon père prend un verre dans le placard et verse un grand verre de whisky et me le tend.
"Bois ça," dit-il avec un ton sérieux dans la voix.
Je ris nerveusement en regardant le verre devant moi. "Je ne crois pas que je devrais boire avant d'aller travailler."
Mon père pousse le verre encore plus près de moi et gronde dans ma direction. "Bois. Le." dit-il sèchement et je réalise que je n’ai pas le choix. Doucement, je porte le verre à mes lèvres et prends une petite gorgée. Mon visage se contracte quand le liquide touche mon palais. Le goût du whisky est définitivement pas mon préféré.
"Termine-le," dit mon père avec colère. Prenant une profonde respiration, je me pince le nez et avale le liquide aussi vite que je le peux. Une fois que je prends la dernière gorgée, j’étouffe un peu avant de forcer le reste à descendre. Je claque le verre sur le comptoir et regarde mon père qui a un air satisfait sur son visage.
Soudain, le monde autour de moi commence à devenir flou. Je cligne des yeux plusieurs fois de suite en essayant de clarifier ma vision.
"Qu'as-tu mis dedans ?" Mes mots sont prononcés avec difficulté à mesure que le monde autour de moi entre et sort de mon champ de vision.
"Voici Valentin," dit mon père en désignant l'homme qui est toujours assis à la table de la salle à manger. "Tu lui appartiens ce soir."
Je tourne pour courir hors de la porte, mais mes pieds se mélangent tous et je tombe au sol. Mon père et Valentin sont tous les deux debout au-dessus de moi avec d'énormes sourires sur leur visage, puis le monde autour de moi devient noir.
