Lyana
Les peintures.
Je les ai toujours aimées. Chaque fois qu'il y avait une exposition d'art près de Manhattan, je ne manquais pas d'y aller pour voir les œuvres et peut-être en acheter une. Ou deux. Ou même trois.
Ce que je recherchais dans une peinture, ce sont les traits du peintre, les couleurs vibrantes, et comment elles se fondent dans l'image en général, et bien sûr, le dessin.
J'ai toujours eu un faible pour les peintures inspirées de la fantaisie. Des paysages fantastiques, des créatures mythiques, des hommes et des femmes portant des vêtements étranges, oh oui, j'ai tout collectionné. Elles touchaient toujours une partie de mon âme que je gardais depuis la disparition de mes parents. Elles parlaient toujours à une partie de moi, je n'étais pas certaine laquelle.
Peut-être que le fait que mes parents étaient peintres en est la raison. Ils ont influencé mes goûts, après tout.
Mais au fond de moi, je savais qu'il y avait toujours quelque chose de spécial à propos de ces types de peintures que je ne pouvais pas tout à fait comprendre.
Un jour de pluie, je suis passée devant une boutique d'antiquités à Manhattan, sur le point d'être fermée par une banque en raison de sa faillite. Les différentes expositions d'antiquités étaient éparpillées dans toute la rue, dans l'espoir que des passants les achèteraient encore.
J'ai aperçu une magnifique peinture d'un paysage. Elle était à couper le souffle et, par manque de mot meilleur, hors de ce monde. La peinture montrait une chaîne de montagnes avec ses pentes couvertes d'arbres automnaux. Au centre de cette chaîne de montagnes, niché au sommet de la colline, se trouvait un château plaqué d'argent. Les détails étaient extraordinaires, même magiques. Je ne pouvais pas résister à son appel, alors à la fin, je l'ai achetée. Je ne voulais pas qu'elle soit mouillée par la pluie. Je voulais lui donner un foyer.
La propriétaire de l'antiquaire, une vieille dame probablement dans sa soixantaine tardive, a eu la gentillesse de me faire une réduction étant donné que la peinture avait des bavures sur les bords en raison de son état de vétusté. J'ai eu la gentillesse de la refuser. Si elle était en faillite, au moins mon paiement complet de la peinture l'aiderait d'une certaine manière.
"Que la magie soit toujours avec vous," dit-elle avec un sourire alors que nous nous séparions.
Je suis restée indifférente, ne pensant pas vraiment à ce qu'elle avait dit. Je ne savais pas à ce moment-là que ses paroles avaient du sens.
* * * * *
La première nuit que la peinture a passé avec moi, j'ai rêvé de créatures magiques — des béhémoths dans le ciel, de belles sirènes nageant dans l'océan, des fées se cachant dans les bois. Le rêve était merveilleux. Je ne voulais pas qu'il se termine.
La deuxième nuit, j'ai rêvé du château sur la colline. Il m'appelait, voulant que j'y aille. Je me suis réveillée au milieu de la nuit, haletante, sans savoir exactement ce qui m'avait tant remuée.
La troisième nuit, mon rêve m'a emmenée à l'intérieur du château. Il était énorme, avec des toits voûtés et des murs en verre. En un clin d'œil, j'ai été envoyée dans une chambre à coucher. Les draps étaient recouverts d'un insigne brodé, un profil de ce qui ressemblait à un animal — un loup — et autour, il y avait des courbes, des lignes et des symboles que je n'avais jamais rencontrés. C'était magnifiquement coloré.
Mais ce qui a vraiment capté mon attention, c'était celui qui était allongé dessus. C'était un homme et, d'après ce que je pouvais comprendre, le roi du château car il portait une couronne sur la tête qui criait une puissance suprême.
Bien sûr, ce n'était pas la seule chose qui a fait sursauter mes yeux.
C'était une certaine partie de son corps qui se dressait comme une barre comme pour me dire "bonjour". Elle était située tout en bas. Vraiment, vraiment tout en bas. Plus bas que sa taille et juste entre ses cuisses. Sa main droite, oh oui, elle était fermée en un poing, enveloppant solidement cette partie de son corps comme si c'était sa seconde peau.
Ce qui m'a réveillée de ce rêve étrange, c'est quand sa main a commencé à pomper, et qu'il a grogné comme si c'était la meilleure foutue masturbation qu'il ait jamais eue.
J'ai dû prendre de grandes inspirations pour me calmer. Un, deux, trois. Un, deux, trois.
Mais je savais que je me trompais. Je me sentais humide, chaude, et dérangée par ça, et je suis restée comme ça toute la journée jusqu'à ce que la quatrième nuit arrive.
Le rêve n'a pas commencé par quelque chose de magique ou carrément érotique, vraiment. Ce n'était que moi sur mon lit, allongée comme une bûche, immobile ; pourtant, dans ma tête, j'entendais une voix éthérée — une voix de femme — m'appelant à me lever et à toucher le tableau.
Et comme une marionnette, je l'ai fait.
La chose suivante que je suis réveillée, j'étais dans la chambre majestueuse de ce château avec ledit roi au-dessus de moi.
