Il y a 20 ans...
Léonie est assise tranquillement à l'arrière de la voiture, jouant avec ses petites mains en attendant que sa mère apparaisse du bureau que son père possède. Mais après trente-cinq minutes d'attente, sa mère n'est toujours pas apparue. Léonie sait à quel point sa mère est attachée à son travail.
Juste comme elle est sur le point de pousser un soupir profond, une femme familière avec des cheveux châtain foncé et des yeux bleu clair commence à se diriger vers la voiture. Les lèvres de Léonie s'élèvent en un sourire, observant sa mère alors qu'elle entre dans la voiture, lui offrant un sourire d'excuse.
''Je suis désolée, Léonie. Tu me pardonnes ?'' Dit sa mère, ce qui la fait hocher la tête. Bien qu'elle ait seulement six ans, elle comprend beaucoup de choses sur la carrière chargée de ses parents. Elle en a assez entendu des excuses.
En réalité, Léonie a un cœur tendre, une qualité connue par leur chauffeur familial, Ézéchiel. Elle s'attache facilement à quelqu'un et elle lui pardonne comme un éclair dès qu'il cherche à se faire pardonner... c'est pourquoi Ézéchiel l'apprécie beaucoup.
''Directement à la maternelle, madame ?'' Demande Ézéchiel, levant les yeux vers le rétroviseur pendant que ses deux mains agrippent le volant.
Ézéchiel travaille pour la famille depuis qu'il a quitté le lycée. Il a à peu près le même âge que le père de Léonie, peut-être quelques années de plus. Bien qu'il n'y ait pas beaucoup d'années entre eux, Ézéchiel a une ride visible près de ses yeux et au milieu de son front, ce qui le fait paraître plus vieux qu'il ne devrait l'être, d'une manière ou d'une autre.
''Oui, Ézéchiel.'' Répond la mère, appliquant une autre couche de rouge à lèvres sur ses lèvres avant de refermer son miroir de poche, le remettant dans son sac à main en cuir.
Léonie observe sa mère, notant la manière dont elle s'assoit, pleine de grâce et de dignité, se définissant comme une femme. Ses cheveux châtain foncé tombent en belles boucles sur ses épaules, lui donnant un air professionnel et décontracté à la fois. Même si elle passe plus de temps au bureau qu'à la maison, elle n'a jamais demandé une pause ni s'est plainte.
''Excitée, ma chérie ? Tu vas rencontrer de nouvelles personnes et te faire des amis,'' dit-elle, se tournant vers Léonie pour voir qu'elle joue avec l'élastique à cheveux dans sa main. Elle l'emporte toujours avec elle partout où elle va, il est connu comme son élastique porte-bonheur, un titre pas facilement décerné.
''Et si ils me détestent ? Et si je ne me fais pas de nouveaux amis ?'' Demande Léonie, sa voix assez forte pour être entendue mais assez basse si sa mère se tenait plus loin.
Sa mère attrape sa main, la serrant comme un signe de soutien avant de lui sourire. ''Léonie, ma chérie, tu es la fille la plus merveilleuse au monde. Tu es intelligente, belle, talentueuse, drôle... nous devons travailler un peu sur la partie drôle, mais tu es capable de tout,'' Léonie et sa mère rient ensemble, heureuses que sa mère booste son niveau de confiance pour qu'elle se fasse de nouveaux amis.
La voiture s'arrête, Ézéchiel se tourne pour les regarder avec un sourire dès que ses yeux se posent sur elle. Puis, Léonie et sa mère sortent de la voiture et se dirigent vers l'entrée de la maternelle, main dans la main.
''Bonjour, vous devez être Mme Margaux,'' une femme commence à se diriger vers elles alors qu'elles se tiennent au milieu. ''Je suis Mme Breton. C'est un plaisir de vous rencontrer enfin,'' La femme continue de dire alors que la mère de Léonie lui sert la main, laissant Léonie debout avec un léger sourire.
''De même, Mme Breton.'' La mère de Léonie le confirme.
La femme connue sous le nom de 'Mme Breton' se tourne pour regarder Léonie, ses yeux marrons pétillent d'amusement. ''Tu dois être Léonie,'' Dit-elle, s'accroupissant à la hauteur de Léonie. ''Il y a quelques enfants qui s'inscrivent aussi aujourd'hui, Léonie... Pourquoi ne pas les rejoindre sur la aire de jeux?'' Elle se tourne pour pointer l'aire de jeux qui peut être vue de l'intérieur à travers la fenêtre vitrée.
Les yeux de Léonie rencontrent ceux de sa mère tandis qu'elle acquiesce, ''Allez, Léonie. Fais-toi des amis,'' dit sa mère, la faisant marcher directement vers l'aire de jeux après avoir jeté deux coups d'œil à sa mère qui est actuellement en train de parler à Mme Breton.
Dès que Léonie met les pieds à l'extérieur sur l'aire de jeux, elle est accueillie par quelques garçons qui jouent près du bac à sable tandis qu'un autre garçon joue seul près des toboggans. Léonie fronce les sourcils en réalisant qu'il n'y a que des garçons sur l'aire de jeux... la conduisant vers la balançoire, s'accrochant fermement aux côtés lorsqu'elle monte dessus.
La balançoire commence à se balancer d'avant en arrière pendant qu'elle lève les yeux vers le ciel bleu, captivée. Ses mains desserrent leur emprise sur les côtés avant que ses lèvres ne se replient en un petit sourire, appréciant le chant des oiseaux sur les branches.
''Tu es sur ma balançoire,'' dit un garçon et avant qu'elle puisse se retourner pour réagir, elle se retrouve par terre alors qu'elle essaie de se protéger le visage. ses deux yeux parcourent la figure derrière elle, voyant qu'un garçon aux cheveux bruns et aux yeux marron clair la fixe avec une légère froncement entre les sourcils.
''Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?'' demande Léonie, les yeux presque larmoyants de larmes mais elle les retient. Elle détourne le regard, essuie ses larmes et tente de se lever avant de fixer l'égratignure et la coupure sur son genou droit.
''Rémi Guillaume Leblanc !'' Une femme inconnue sort vers l'aire de jeux avec de grands yeux et se dirige vers eux en hâte. Elle saisit le bras d'Rémi et se tourne vers Léonie, ''Qu'as-tu fait ?'' elle demande à son fils qui vient de lever les yeux au ciel, ne se soucient tout simplement pas.
''Elle était sur ma balançoire,'' répond Rémi, croisant rapidement ses bras.
La femme s'approche de Léonie, ses yeux reflètent l'inquiétude avant de se poser sur le sang sur son genou. Les yeux écarquillés, elle se retourne vers son fils, ''Tu ne te comportes pas comme ça avec ou envers les filles, Rémi. Qu'est-ce que je t'ai dit. . .'' Alors qu'elle allait parler, Rémi l'a interrompue.
''C'est très malpoli de faire du mal à une fille et c'est aussi irrespectueux de faire du mal à quelqu'un sans raison, mais ne fait jamais de mal à une fille,'' Il souffle, s'ennuyant visiblement de dire la même chose plus d'une fois.
''Léonie ?'' Les yeux de Léonie se posent sur sa mère qui les regarde tous trois avec surprise avant de se diriger vers eux. Elle examine l'égratignure sur le genou de Léonie, ''Qu'est-ce qui est arrivé ?'' Elle demande, inquiète.
Comme ça, Léonie s'assied toute seule dans une des salles de classe, ses yeux balayant la pièce et se posent sur son genou qui a été recouvert d'un pansement. Ses sourcils se froncent au son de sa mère parlant de comment elle a été blessée sans raison.
''Maintenant.'' Quelqu'un dit avant que la porte ne se referme à nouveau, le silence se fait immédiatement.
En quelques secondes, Rémi apparaît près de la porte ce qui fait lever les yeux de Léonie vers lui, voyant qu'il joue avec le bout de ses doigts mais ses yeux sont posés sur elle. Puis, il s'assoit en face d'elle, ''Salut,''
''Salut . . .'' répond Léonie, lentement.
Léonie et Rémi se regardent tous les deux avec un visage impassible mais en tant qu'enfants, ils ne ressentent rien hormis une certaine attirance pour la beauté de l'autre.
''Je suis désolé de t'avoir poussée de la balançoire.'' dit-il et Léonie lève les yeux vers la porte, voyant que sa mère est là avec la mère d'Rémi, qui regarde aussi. Elle serre ses propres petits doigts sous la table avant de poser à nouveau son regard sur Rémi, qui semble penser à autre chose avant de lui tendre la main. ''Amis ?'' Demande-t-il.
Comme le savait Ézéchiel, Léonie sera toujours celle qui pardonne. Elle a été élevée avec des bonnes manières et elle les suivra toujours, ''Amis,'' Elle prononce, en serrant la main.
''Tes yeux sont vraiment jolis,'' dit Rémi en inclinant la tête sur le côté, ce qui fait sourire Léonie.
''Les tiens aussi.'' Léonie répond et ils commencent tous les deux à parler d'autres choses avec lesquelles Léonie se sent assez à l'aise rapidement. Elle n'a jamais ressenti cela auparavant, surtout avec quelqu'un qui l'avait poussée de la balançoire, mais pour une raison quelconque, elle a l'impression qu'ils seront amis pour très longtemps.
Les deux mères les regardaient avec un sourire sur le visage pendant qu'ils faisaient connaissance. Aucune d'elles ne savait que, depuis ce jour... ils sont devenus les meilleurs amis. C'était un voyage enrichissant et c'était leur voyage.