Les cloches de l'église sonnèrent et ainsi réveillaient la ville, un dimanche sous lequel cette dernière se reposait de la semaine épuisante qu'elle venait de passer.
Face à cela, certains se bouchaient les oreilles lorsque d'autres réduisaient cette musique au chant d'un coq, qui les alertait d'entamer leurs journées.
Puis, il y avait ma famille. La famille Kogué.
Nous étions tous chrétiens ou du moins, on aimait tous Dieu.
On aimait simplement tous Dieu, car l'enfant de huit ans que j'étais avait encore du mal à comprendre toute cette hiérarchie autour de la chrétienté. Ainsi, comment pouvais-je être quelque chose que je ne comprenais pas ?
Ma mère nous empressa par la suite de nous préparer pour l'église, pendant que mon père qui était encore dans un sommeil profond, semblait ne toujours pas avoir répondu à son appel.
Dans cette atmosphère, plus tard, mes deux frères aînés ; Josh, 20 ans et Gary, 18 ans, étaient dans le salon, déjà prêts, alors que ma sœur Éléna tout juste adolescente de 14 ans, se passait du rouge sur les lèvres.
Et sous un cri de colère, ma mère la fit courir afin de rejoindre mes frères tandis qu'elle me tirait, après m'avoir apprêté, vers la voiture dans laquelle le reste de la famille nous avait rejoints.
'Maman ?' Dis-je, avec ma voix toute papillonnée.
Cependant, concentrée sur la conduite et énervée d'être pour une millième fois en retard à cause d'une énième dispute avec mon père, elle restait très fermée à mon appel.
'Maman ?' Insistai-je.
Elle fronça de là les sourcils, puis d'une voix très grave qui témoignait de sa colère, répondit 'Quoi ?' Faisant trembler ma sœur Éléna, qui se tenait à ma droite lorsque Gary se tenait à ma gauche.
'Pourquoi papa ne vient jamais avec nous à l'église ?' Demandai-je.
Et je ne sais pas si elle cherchait à se débarrasser de moi ou à se rassurer, mais elle ne dénicha pas une réponse bien loin, 'Papa est très occupé, chérie !'
J'évanouissais donc ma parole d'enfants et mon manque de raisonnement. Lorsque soudainement, comme une petite ampoule, une question en plus vint en moi, 'Mais maman Dieu, Lui, il est notre papa à tous et Il a le temps pour tout le monde. Alors que nous qui avons le moins de travail possible, on ne trouve pas du temps pour lui. Pourquoi ?'
'Chérie !' Hurlait-elle. 'Ton père n'est pas Dieu, ok ? On fait du mieux qu'on peut !' Déclarait-elle de manière très hautaine.
À ce moment, mes frères et ma sœur étaient restés silencieux. Soit par je-m'en-foutisme, soit malaisé par mes questions incessantes de petite fille.
Je restais ainsi là, triste d'être privée de parole par ma mère pendant plus d'un quart d'heures, quand enfin, on y arriva.
À Saint Michel, c'était le nom de notre église. Une église qui fut la première de notre ville, mais aussi celle où toute la génération précédente de ma mère avait trouvé refuge.
Pourtant, on n'y voyait plus leurs traces.
Mes frères, ma sœur et moi étions tous en ligne, un à un, entrant, guidé par notre mère.
Et après avoir répété les traditions qui consistaient à se prosterner devant la statue face à nous, on s'empressa de trouver place.
J'étais assise de cette façon, regardant autour de moi les visages adultes qui témoignaient de tellement de deuils.
Cet endroit regorgeait un océan d'âmes mortes.
Parmi elles, il y avait ma sœur qui rêvassait et mes frères de minutes à autres qui souriaient sur leurs téléphones portables.
Quant à ma mère, elle semblait n'être présente que pour répéter les prières telles que le 'Notre Père' et le 'Je Vous Salue Marie.'
Par la suite, son esprit voyageait vers des endroits tumultueux comme la plupart des gens présents.