Le point de vue de Hope
J'ai détourné mon regard de Mlle Hannah et je l'ai ensuite porté sur l'énorme et vieux sycomore qui se trouvait au centre du parking. Ses feuilles sèches et d'une couleur jaune pâle ressemblaient à celles de l'érable et formaient un magnifique ombrage sur le parking de l'école. J'ai alors remarqué qu'une des feuilles de la branche la plus haute s'est détachée de son tronc et est tombée en glissant lentement dans l'air glacé de l'automne jusqu'à ce qu'elle atteigne le sol froid. J'ai continué à fixer cette feuille morte et flétrie lorsque j'ai entendu la sonnerie retentir dans les couloirs silencieux de l'école.
Après avoir entendu cette sonnerie, Je me suis levée, j'ai rassemblé mes livres et j'ai quitté la salle de classe à toute vitesse. Je suis allée ouvrir mon casier et j'ai récupéré tout ce dont j'avais besoin pour les prochains cours. Puis, je l'ai refermé afin de me rendre au cours de chimie.
En avançant dans le couloir bondé d'élèves, j'ai remarqué que certains avaient le regard braqué sur moi tandis que d'autres m'ignoraient complètement. J'ai été heureuse de constater que ces derniers ont préféré ignorer ma présence plutôt que de s'en prendre à moi. Les brimades étaient la dernière chose que je voulais affronter.
J'ai préféré maintenir la tête baissée, en gardant les yeux fixés sur le carrelage blanc des couloirs, me rendant directement à ma classe.
En effet, je faisais partie des meilleurs élèves de la classe et on m'a attribué le titre d'intello. Pourtant, je ne m'appropriais pas vraiment ce titre en tant qu'adolescente. J'étais juste une adolescente qui n'avait pas grand-chose à faire à la maison, à part étudier ou lire un livre. La lecture m'occupait et me transportait dans les parties du monde que j'aimerais visiter un jour. Je parle ici de Poudlard. Cela m'a permis de me détacher de ma réalité et, pendant un court instant, de comprendre la vie des autres.
Ma meilleure amie avait quitté la ville il y a un an. Son père ayant été muté en Californie pour des raisons professionnelles, elle avait dû s'y installer également.
Elle s'appelait Lily. Elle était comme la sœur que je n'avais jamais eue. Notre amitié a commencé au jardin d'enfants lorsque j'étais assise seule sur un banc pendant la pause déjeuner. Elle s'est approchée de moi et m'a offert de la nourriture. Je ne me souviens pas beaucoup de ce jour-là, mais l'unique élément dont je me souviens est que nous soyons devenues inséparables. Sa loyauté envers moi est restée intacte durant toutes ces années et, même si j'ai traversé tant d'épreuves, elle ne m'a jamais abandonné. Je l'appelais toujours quand j'avais besoin de conseils. Elle était toujours là pour moi et me prêtait toujours une oreille attentive
Les centaines de kilomètres qui nous séparaient n'ont pas réussi à briser l'amitié précieuse qui nous unissait.
Avant son départ, nous avons essayé de passer le plus de temps possible ensemble. Nous sommes allées au centre commercial et avons passé des heures à ne rien acheter en fin de compte. Nous avons fait des soirées pyjama tardives, cuisiné des recettes que nous ne pouvions même pas prononcer correctement le nom, et regardé des films romantiques qui nous ont fait pleurer toute la nuit, sans oublier les immenses efforts qu'elle a déployés pour m'apprendre à me maquiller toute seule, ce que j'ai lamentablement raté.
J'ai été complètement dévastée lorsque j'ai appris qu'elle s'en allait, car je n'avais qu'elle. La seule amie que je m'étais faite me quittait. Elle m'accompagnait partout où j'allais et nous faisions tout ensemble. Chaque jour, elle cuisinait quelque chose de nouveau et l'apportait pour le déjeuner. C'était devenu notre passe-temps favori.
Tant de beaux souvenirs nous avaient uni. Car en allant en Californie, j'avais l'impression qu'elle emportait avec elle tous les merveilleux souvenirs que nous avions construits au fil des années passées ensemble.
Après son départ, je me suis sentie introvertie. Rencontrer de nouvelles personnes ne m'intéressait absolument pas et je préférais rester à la maison pour lire un roman ou regarder une émission à la télévision. Puisque je n'avais pas beaucoup d'amis, je n'avais jamais eu l'occasion de faire les choses qui scient aux adolescents, à savoir participer à de grandes fêtes ou à d'autres activités. Je n'ai pas su comment m'amuser. Il y a eu des moments où j'ai eu l'impression de passer à côté de choses extrêmement intéressantes de la vie. Mais mon subconscient m'a alors rappelé que je devais rester concentré sur mon avenir. En raison de ma timidité, je n'ai jamais eu de contacts avec qui que ce soit, en particulier avec les garçons, et j'ai reçu le même traitement en retour.
J'étais une fille simple, avec une couleur de cheveux brun foncé et les yeux brun clair ordinaires. Je préférais porter des vêtements à capuche, particulièrement ceux qui ne laissaient pas voir ma peau, puisque je détestais être au centre de l'attention. J'aimais bien rester discrète et faire ce que je voulais dans un coin isolé de la pièce.
De plus, contrairement à beaucoup de filles de mon âge, mon amour-propre a bien été enfoui sous terre. Lily a toujours essayé de me redonner confiance en me faisant des conférences pendant des heures. Elle a essayé de me faire comprendre que j'étais jolie. Mais c'est quelque chose que l'on devrait faire soi-même. Car personne ne peut te faire sentir belle jusqu'à ce qu'un jour, tu te réveilles et que tu comprennes que tu es quelqu'un de spécial, mais que la perfection n'est qu'une illusion.
'Attends-tu toujours ce jour Hope ?' s'est moqué mon esprit et je n'ai pu m'empêcher d'être d'accord avec lui.
La dernière fois, lorsque j'ai parlé à Lily, elle m'a dit qu'elle s'était déjà fait quelques amis là-bas. Je n'ai pas du tout été surprise. Puisqu'avec son aura charismatique et sa vivacité, elle pouvait se lier d'amitié avec n'importe qui dans ce monde. Elle était totalement extravertie et je me demandais parfois pourquoi elle me considérait comme sa meilleure amie alors qu'elle pouvait avoir n'importe quel autre amie dans le monde. La fille la plus célèbre de l'école était amie avec le monstre studieux que j'étais. Et cela ne me semblait pas normal.
Moi, par contre, je ne me suis pas fait de nouveaux amis, et cela ne me dérangeait pas. J'aimais m'évader en lisant des livres. Alors l'idée de me faire de nouveaux amis ne m'attirait vraiment pas. Surtout que j'avais déjà Lily avec qui je parlais encore trois fois par semaine. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était suffisant. Elle me connaissait et savait ce qui s'était passé dans ma vie. Je n'avais pas le courage de tout expliquer à une nouvelle personne pour gagner sa sympathie.
J'ai donc secoué la tête pour me débarrasser de mes pensées et je me suis approchée de la classe de chimie et j'ai commencé à écouter M. Carlie.
C'était un vieil homme qui n'avait qu'une poignée de cheveux blancs sur son crâne chauve et luisant qui brillait parfois sous une lumière trop vive et je ne pouvais m'empêcher de sourire à chaque fois que cela se produisait. Contrairement à d'autres personnes âgées, M. Carlie n'était pas acariâtre. En fait, il était très gentil et plutôt énergique pour son âge. L'autre aspect de sa personnalité étonnante était qu'il était un professeur qui essayait toujours d'aider ses élèves à obtenir de bonnes notes. Ses paroles encourageantes semblaient toujours fonctionner, et les élèves de sa classe obtenaient de bonnes notes. J'ai toujours souhaité qu'il y existe plus d'enseignants comme lui dans notre école ou même dans le monde.
D'une voix grave et polie, il a salué tout le monde et s'est frayé un chemin de manière énergique à l'intérieur de la salle de classe. Après une série de réponses, il nous a tourné le dos et a commencé à gribouiller quelque chose sur le tableau noir avec une fine craie blanche.
Il a écrit "électrolyse" sur le tableau noir qui était déjà recouvert d'une légère couche de craie blanche. J'avais étudié le sujet à l'avance et j'ai donc commencé à regarder par la fenêtre pour perdre du temps.
À travers la vitre épaisse et délicate, j'ai aperçu de loin un garçon qui se tenait au milieu du terrain de basket, le téléphone appuyé contre son oreille gauche. Il s'est retourné en marchant lentement. J'ai commencé à passer en revue les visages des élèves que je connaissais à l'école, mais je n'ai pas pu reconnaitre son visage. Il avait le visage caché.
'Qui est-il ?' me suis-je interrogée.
Comme s'il répondait à ma question, il s'est légèrement retourné et je l'ai reconnu. Il s'agissait de Heath James Travon.
Heath était le célèbre mauvais garçon de Liberty High. Il a été transféré ici au lycée l'année dernière. Au début, les choses étaient normales. Il venait à l'école, les gens le regardaient, il les ignorait et la journée se terminait. Tout le monde, surtout les filles, ont essayé de lui parler et de se lier d'amitié avec lui, mais il leur a simplement jeté un regard glacial et tous se sont retirés.
Au bout d'une semaine, les choses ont commencé à changer. Les sportifs et les autres élèves populaires ont essayé de s'en prendre à Heath, mais il les a simplement ignorés jusqu'au jour où, dans le couloir, une bande de joueurs de l'équipe de football l'a coincé et a commencé à se moquer de lui. Lorsque la rumeur s'est répandue, tout le monde s'est mobilisé et une foule nombreuse s'est très vite rassemblée autour d'eux.
Heath les a tous ignorés et a essayé de s'éloigner d'eux, mais ils ne l'ont pas laissé faire. Xanon, un membre de l'équipe de football, lui a dit quelque chose et ce dont je me souviens ensuite, c'est que Heath s'est précipité sur lui et l'a frappé en enchainant directement les coups de poing puissants sur son visage. En un rien de temps, Xanon était dans un état sanglant, mais Heath ne s'est pas arrêté.
Je suppose que Xanon a dû dire quelque chose de choquant à Heath, ce qui l'a poussé à s'énerver si rapidement.
Personne n'a osé s'interposer entre eux et tout le monde s'est contenté d'observer la scène qui était absolument terrifiante, puisqu'elle montrait une autre personnalité de Heath. En plus d'être mauvais garçon, il était également violent et sans pitié.
La bagarre n'a pris fin que lorsque le directeur de l'école est entré dans le couloir. Lorsqu'il a vu la bagarre, il a immédiatement éloigné Heath de Xanon. Xanon a été gravement blessé alors que Heath lui, n'a même pas eu une seule égratignure.
L'unique punition que Heath a reçue était une exclusion temporaire d'une semaine de l'école. Dès lors, tout le monde l'évitait, même les sportifs.
Heath dégageait autour de lui une aura sombre qui attirait les filles et qui tenait les garçons à l'écart. Il n'avait en effet jamais eu le moindre échange avec qui que ce soit. Il adressait tout au plus un mot ou deux à un professeur, mais à part cela, il restait muet. Les filles s'extasiait éperdument devant lui, mais il ne leur prêtait presque jamais attention. Il ne clignait même pas des yeux dans leur direction et se contentait de s'occuper de ses affaires, c'est-à-dire de gribouiller des choses sur son carnet pendant les cours. Les élèves supposait qu'il était gay puisqu'on ne l'avait jamais vu avec une fille. Il évitait même de jeter le moindre regard sur les filles qui passaient des heures le matin à se faire belles. Il semblait immunisé contre toute cette attention. Aucune fille ne l'impressionnait. Aucune.
En faisant le tour du terrain de basket, j'ai observé son accoutrement. Il était tout vêtu de noir et ça lui allait à merveille. L'unique élément qui s'est distingué de cet accoutrement, c'était cette fine chaîne en métal, brillant sous les rayons de soleil qu'il portait à son cou et, qui attirait rapidement mon attention, me faisant ainsi le remarquer.
Je l'ai regardé pendant longtemps. En effet, je l'avais déjà croisé à l'école, mais je n'avais jamais vraiment fait attention à lui.
Puisque je l'observais, je l'ai vu passer ses doigts dans ses épais cheveux bruns comme s'il était contrarié. Un air maussade s'est dessiné sur son visage.
Quelques secondes plus tard, il s'est retourné et nos yeux se sont immédiatement croisés. Il m'a regardée pendant une seconde, puis a rétréci ses yeux en les fixant l'un l'autre comme s'il était loin de moi, je n'ai vraiment pas pu voir la couleur de ses yeux, mais je les ai sentis brûler mon visage comme une flamme de feu. Je n'ai pas voulu me faire remarquer par lui, alors, j'ai immédiatement tourné la tête, rompant ainsi le contact visuel avec lui et j'ai poussé un ouf de soulagement.
Les rumeurs disait que Heath faisait partie d'un gang, car certains affirmaient même l'avoir vu porter une arme et menacer des gens. Ses mains étaient souvent couvertes d'ecchymoses ou enveloppées de bandage blanc, et il n'allait pas régulièrement à l'école, ce qui renforçait cette théorie. Les gens à l'école le craignaient, surtout après la façon dont il avait battu Xanon. Cet incident lui a valu une très mauvaise réputation. Les élèves s'efforçaient de ne pas croiser son chemin. Après quelques autres bagarres à l'école, il est devenu encore plus menaçant. Les gens racontaient des ragots sur lui, mais seul Sebastian connaissait la vérité à son sujet.
Sebastian était blond et avait une belle paire d'yeux verts. Il mesurait 1,80 m et avait un corps musclé. Contrairement à Heath, il était doux. Il dégageait une énergie qui vous mettait à l'aise en sa présence. Tout le monde aimait lui parler, mais quand Heath était à proximité de lui, tous l'évitaient comme la peste. Il était l'ombre de Heath et les gens n'avaient pas l'occasion de communiquer avec lui.
La sonnerie assourdissante a soudainement retenti dans l'école et le cours s'est achevé.
M. Carlie a annoncé qu'il y aurait un test de chimie lundi. Tout le monde s'est plaint, sauf moi parce que j'avais déjà étudié le sujet. Je l'ai fait uniquement suite à la pause que j'avais mise pour la lecture de mon roman.
J'ai immédiatement empilé les papiers et les dossiers les uns sur les autres, je me suis levée et j'ai quitté la salle de classe en courant à travers la foule qui s'est précipitée dans le couloir.
J'avais beaucoup de papiers dans les mains et, craignant qu'ils ne tombent, je me suis mise à ranger les feuilles de travail dans mon classeur. Pendant que je le faisais, j'ai senti la forte vibration de mon téléphone dans ma poche arrière. J'ai tenu les feuilles et le classeur d'une main, puis j'ai fouillé dans ma poche arrière et je l'ai sorti.
J'ai regardé l'écran et j'ai vu des messages venant de maman. Une pointe d'inquiétude m'a traversé le cœur. J'espérais que tout allait bien. La lire en marchant n'était pas la meilleure idée, puisque je n'avais aucune idée de l'endroit où j'allais.
Soudain, je suis entrée brusquement en collision avec quelqu'un, et j'ai trébuché sous l'impact. Au lieu de tomber sur le sol froid et dur, j'ai ressenti des bras entourer ma taille, me sauvant ainsi de ma chute. En levant les yeux, j'ai rencontré une paire d'yeux bleus caribéens qui me fixaient.
'Il a de si beaux yeux de près', s'est exclamé mon subconscient émerveillé pendant que je regardais Heath. En étant aussi proche de lui, j'ai remarqué que sa peau était blanche et claire comme la neige. Sa mâchoire était ciselée et semblait pouvoir transpercer n'importe quoi. Et ses yeux étaient d'un bleu qu'on n'avait jamais vu auparavant. Un bleu profond comme les eaux de l'océan.
Il me fixait intensément avec ses yeux bleus, comme s'il cherchait quelque chose. Mais soudain, quelque chose les a traversés et il a détourné le regard. Se raclant la gorge, Heath a reculé. Il m'a relâché la taille, je me suis dégagée de lui et j'ai regardé autour de moi.
Ses mains étaient chaudes, mais lorsqu'il les a retirées, cette chaleur m'a manqué. J'ai eu étrangement froid. Mon corps n'a plus parfaitement fonctionné, et ma peau était vraiment froide au toucher. Je n'ai pas compris pourquoi.
J'ai baissé les yeux et j'ai vu tous les papiers et le classeur éparpillés sur le sol. J'ai sursauté et je me suis immédiatement penchée pour les ramasser.
Il y avait tellement de papiers qui jonchaient le sol et tout le monde marchait dessus à l'aveuglette. J'ai grogné contre leur aveuglement et j'ai essayé de les ramasser le plus rapidement possible. J'ai ramassé tous les papiers d'un côté et je me suis tournée vers l'autre côté pour ramasser mon classeur. Mais Heath m'a tendu tous mes papiers et mon vieux classeur rose.
Je lui ai jeté un regard. Il était là, accroupi devant moi. J'ai croisé ses yeux qui étaient fixés sur moi. Son regard était comme un rayon ultraviolet qui me pénétrait. Je me suis par la suite sentie mal à l'aise à cause de la façon dont il me regardait. Alors, j'ai baissé nerveusement les yeux vers ses mains.
'Dieu merci, je n'aurai plus de traces de pas sales sur ceux-ci comme les autres', m'a soufflé mon subconscient.
Il s'est levé et m'a remis mon classeur et mes papiers dans la main. J'ai rangé tous les papiers sans faire attention dans le classeur et je l'ai serré contre moi.
Étant debout, j'ai regardé Heath qui me dominait littéralement. Je mesurais 5'8" mais Heath, lui mesurait environ 6'2". Il m'a regardée froidement et était sur le point de s'en aller quand je l'ai stoppé.
Il a été contrarié et m'a regardée intensément. Son regard seul a suffi à faire battre mon cœur et à rendre mes mains moites de nervosité. Prenant mon courage à deux mains, je l'ai remercié et je me suis excusée pour la collision.
"La prochaine fois, regarde où tu vas. Peut-être qu'alors personne n'aura à sauver ton pauvre cul et à récupérer tes foutus papiers", a-t-il répondu grossièrement. Ses mots m'ont blessé et avant même de m'en rendre compte, j'ai répondu.
"Excuse-moi ?" ai-je dit. J'ai parlé timidement tout en le fixant. Il a froncé l'un de ses sourcils vers moi.
"M'as-tu entendu ?" a-t-il rétorqué. Je me suis timidement retournée.
"Si je ne regardais pas, tu aurais pu regarder et ne pas me heurter", ai-je dit. Je ne m'étais jamais autant adressée à un étranger, surtout à un garçon. Je n'ai pas aimé la façon dont il m'a parlé. Il a rejeté toute la responsabilité sur moi. Je voulais qu'il sache que je pouvais me défendre. Mais ma voix m'a trahie, mes mots étaient bas et faibles, et je ne pense pas qu'il l'ait entendu.
'C'est ce que je suis. Faible', ai-je pensé.
"Peu importe", a-t-il dit avec agitation. Je ne pense même pas qu'il m'a entendue. Il m'a jeté un dernier regard et s'est éloigné sans se retourner. J'ai secoué la tête devant sa froideur et je suis allée à mon prochain cours.
C'était ma première confrontation avec le mauvais garçon de l'école et je l'ai immédiatement regretté. Il était si... méchant et froid. Pas étonnant que les gens l'évitait.
Mon prochain cours s'est déroulé rapidement et l'école s'est très vite terminée. Heureusement, je n'avais pas vu Heath pendant le reste de la journée et j'en étais ravie. À la fin de la journée, je suis allée à mon casier et j'ai échangé mes livres avec ceux dont je savais que j'avais des devoirs. Je l'ai fermé à clé et j'ai entrepris de rentrer chez moi.
J'ai préféré marcher, non pas que j'avais une voiture ou quoi que ce soit d'autre pour faire la navette, mais parce que j'aimais ça. Et cela m'a permis de réfléchir sur le fait cruel que ma vie était un désordre compliqué.
Mes parents ont divorcé en début d'année. Cette nouvelle m'a profondément ébranlée et a brisé quelque chose en moi. Mais je n'ai pas été surprise, car au fond de moi, je l'avais toujours vu venir. Mais l'entendre à haute voix m'a donné une petite crise cardiaque.
Quelques années avant leur séparation, ils ont commencé à se disputer. Et du jour au lendemain, c'est devenu une habitude. Il ne se passait pas un jour sans qu'ils ne se disputent à propos de choses insignifiantes, qui semblaient parfois absurdes. Ils se criaient dessus à voix haute, et tout cela paraissait étrange au début. Mais au fur et à mesure que cela durait, je m'habituais.
Leurs disputes s'intensifiaient pendant les week-ends. Nous étions tous les trois à la maison et mes parents se disputaient davantage. Ils pensaient que je n'écoutais pas, mais j'entendais tout, car ils se criaient toujours dessus. Leurs longues et incessantes disputes se sont rapidement transformées en divorce.
Nous étions pauvres et je dirais même très pauvres d'ailleurs. Et c'est l'une des raisons pour lesquelles mes parents se disputaient, car ils se battaient toujours pour l'argent, sans comprendre l'effet néfaste que cela avait sur moi. Et parfois, cet environnement toxique était très dur à supporter. Cela a duré longtemps jusqu'à ce que papa trouve une autre femme et demande le divorce à ma mère pour s'installer avec elle. Je ne savais pas grand-chose d'elle, mais une chose est sûre, elle était nantie.
L'expression du visage de ma mère était déchirante. Elle a souffert d'angoisse et j'étais de tout cœur avec elle. Elle n'avait jamais envisagé de se séparer de quelqu'un qu'elle aimait tant. Cela lui avait causé vraiment beaucoup de peine. Puisqu'elle savait à quel point le changement radical de comportement de papa m'affecterait, alors en un clin d'œil, elle a signé les papiers du divorce. J'ai compris qu'elle l'a fait parce qu'elle ne voulait pas que je sois affectée par leurs disputes quotidiennes, mais ce qu'elle ne savait pas, c'est que le mal avait déjà été fait.
J'avais toujours craint qu'ils me crient dessus, et que leur attitude ne se transforme en quelque chose qui pourrait me blesser. Cette chose, c'était la maltraitance.
Peu de temps après, je suis arrivée devant une vieille petite maison de deux étages en briques rouges. J'ai aussitôt déverrouillé la porte et j'y suis entrée.
C'était ma maison. Elle comportait trois petites chambres et deux salles de bains. Ce n'était pas grand, mais c'était suffisant pour ma mère et moi.
Je suis entrée dans la cuisine et j'ai ouvert le réfrigérateur à la recherche de quelque chose à manger. Mes yeux se sont posés sur une assiette pleine de spaghettis. Je les ai sortis rapidement pour les mettre dans le vieux micro-ondes qui les a à moitié réchauffés puisqu'il Il ne fonctionnait plus normalement.
J'ai ensuite mangé en silence. Après m'être gavée de nourriture, je suis montée dans ma chambre.
Ma chambre était simple, avec des murs peint en blanc, et seulement deux cadres photos accrochés au mur. L'un d'eux contenait une photo de moi lorsque j'avais cinq ans avec du chocolat sur la bouche. J'ai toujours aimé les chocolats, mais je n'ai jamais eu l'occasion d'en manger beaucoup. L'autre était une photo de famille prise par un inconnu lorsque nous étions tous allés dans un parc. Papa portait la petite fille de trois ans que j'étais, tandis que maman, elle, était serrée contre nous. Nous sourions tous joyeusement et j'adorais cette photo. parce qu'elle me rappelait les bons moments que j'ai passés avec mes parents.
Une petite table d'étude en bois se trouvait près de la fenêtre, avec ma pile de livres et de stylos dessus. Au centre de la pièce se trouvait mon vieux lit rouillé. À sa droite, il y avait un placard et une salle de bain attenante. Contrairement à la plupart des filles, ma chambre n'était pas une chambre de fille typique. Je n'avais pas de murs peints avec des couleurs fantaisistes et des photographies accrochées dessus. Je n'avais non plus de produits de maquillage ni d'armoire remplie de vêtements.
J'ai attrapé le roman dont j'avais entamé la lecture l'autre soir. Jetant mes chaussures dans un coin de ma chambre, je me suis affalée sur mon lit. Déterminée à achever la lecture, puis, j'ai continué à le lire.
Au bout de quelques heures, j'ai commencé à avoir mal aux yeux et je me suis endormie. Lorsque je me suis réveillée, il faisait très tard. J'ai fait mes devoirs jusqu'à ce que mon estomac commence à gargouiller, alors je suis descendue manger.
La maison était calme puisque maman n'était pas encore rentrée. J'ai soupiré tristement.
Ma mère était infirmière, elle était donc absente à la maison la plupart du temps. En fait, elle y était très rarement. Elle travaillait dans deux hôpitaux différents pour pouvoir subvenir à nos besoins financiers et économiser de l'argent pour mes frais d'inscription à l'université. J'étais persuadée que j'obtiendrais une bourse d'études, mais en tant que personne prévoyante, elle continuait à économiser de l'argent pour le faire.
Je me suis préparé des sandwiches et j'en ai mangé avant de retourner dans ma chambre.
J'étais allongée dans mon lit, fixant le plafond, lorsque mes pensées ont dérivé vers ces yeux bleus envoûtants de Heath.
Il m'intriguait. Il était mystérieux et c'était quelqu'un à qui il ne fallait pas parler ou, dans mon cas, qu'il ne fallait même pas regarder. Tout le monde savait qu'il était mauvais. Je ne croyais pas aux rumeurs à l'école parce que je savais qu'il ne fallait jamais juger quelqu'un sur la base d'opinions stupides. La plupart du temps, les jugements des gens sont erronés.
Tandis que le sommeil m'envahissait, j'ai senti mes yeux se fermer lentement et je me suis mise à penser à lui.