C'était le début de l'été à Northville.
La bruine descendait sur la vitre, et le bruit fin que sa descente provoquait, put tirer une femme de son profond sommeil.
Amelia Ramsay ouvrit les yeux. Du bout des doigts, elle se mit à tâter la couverture de couleur grise foncée dans laquelle elle s'est retrouvée enveloppée. Ce lit, ce matelas, ce drap, ses coussins, cette couverture, et tout ce qui se trouvait dans la chambre lui étaient totalement étrangers. Dans sa confusion mêlée d'une peur assourdie, elle vit une porte devant elle s'ouvrir brusquement. C'était une salle de bain. Un homme de grande taille, plein de vigueur et ayant l'air comblé, sortit de la salle de bain. Il portait autour de sa hanche une serviette de bain de couleur blanche, et quelques vapeurs d'eau chaude entouraient son corps.
Patrick Hopper jeta un regard nonchalant au visage joli et naïf et particulièrement troublé d'Amelia. D'une voix calme, il lui demanda : « Est-ce que tu te souviens de toutes les choses que nous avons faites d'hier soir à ce matin ? »
Toujours confuse et stupéfaite, elle ne dit tout de suite pas un mot. Elle baissait la tête et ne voulait jamais une fois de plus de le regarder dans les yeux. Après un court instant de silence, elle changea légèrement sa posture en se redressant, et, d'une voix faible, dit : « Bien-sûr que oui, je m'en souviens. »
La veille, Amelia était assise au bord d'une table, pensive. Elle avait déjà pris quelques verres, mais continuait toujours de boire. Chaque fois qu'elle se souvint que son petit ami, avec qui elle avait plein de projets et d'avenir, a soudainement changé d'avis en jetant de sa dévolue sur sa propre sœur, et qu'ils iront bientôt se marier, elle ajouta un autre verre. C'était ainsi jusqu'à ce qu'à ce qu'elle s'abandonna inconsciemment à un homme.
Jusqu'à ce matin, sa conscience n'était pas encore tout nette, et elle ignorait comment les choses se sont réellement passées. L'autre chose dont elle prit conscience est qu'elle s'était retrouvée après, faisant l'amour avec un parfait inconnu. Elle comprit donc qu'elle était en ce moment dans une chambre d'hôtel.
Quelques fragments de souvenirs ont ainsi progressivement commencé à apparaître dans l'esprit d'Amelia. Peu à peu, elle put se reconstituer chronologiquement, à peu près, tout ce qui s'était passé d'hier soir jusque là. Cependant, une image forte dominait ses pensées, et la culpabilisait. À chaque seconde, il lui était rappelé qu'elle venait, pour un rien, de foutre sa précieuse virginité, sous l'effet de l'alcool.
Patrick, en observant Amelia qui ne bougea pas d'un poil depuis quelques minutes, songea qu'elle était tombée sous son charme. Pour lui, tout cela était la preuve qu'elle était dominée par son charme. Mais une escorte tomberait-elle aussi facilement vraiment amoureuse d'un homme inconnu, et surtout à la première nuit ? Ainsi, il décida de lui demander, sans aucune émotion particulière : « Hier soir, j'ai cru que tu étais une call-girl! »
Amelia ne put s'empêcher de hausser ses sourcils, toisa Patrick des pieds à la tête et sourit froidement : « Ah oui ! Une jeune femme dans un bar, toute seule, sans faire les yeux à qui que ce soit, pour vous, serait forcément une call-girl. Et vous donc ? C'est moi qui aurais plutôt dit que vous êtes un escort boy ! »
Patrick tomba des nues. Ses yeux, semblables à deux pierres d'onyx immaculées, se sont rétrécis. Il fit quelques pas en avant et dit : « Eh bien, puisque c'est consensuel, j'espère que je n'ai pas à m'inquiéter d'un quelconque problème si nous nous séparons maintenant ? »
Il tourna alors dans la direction de la porte. Avant qu'il ne fasse un pas, Amelia répondit : « Ne craignes rien ! ».
Mais, cette femme est très désinvolte, songea Patrick. Il était hébété ! Avec ce qui s'est passé cette nuit, elle lui répond « Ne craignez rien ? » En plus du fait qu'il avait eu un peu de difficulté à la pénétrer, quelques taches de sang étaient quand même visibles sur le drap ! Si elle n'avait pas saigné, il aurait pensé qu'il n'était pas son premier homme. Mais là, c'était bien clair.
Il y a seulement deux jours que Patrick était revenu à Northville, La nuit dernière, ses amis lui ont proposé d'aller dans les boîtes de nuit, qui était l'un des plus animés de la ville. Mais il ne savait point qu'il serait harcelé par une femme ivre en sortant de la boîte.
Il n'avait aucune intention d'avoir des relations amoureuses au début, mais il a été attiré par les yeux pétillants de la femme, couplé aux encouragements répétés de ses amis, son esprit était abasourdi, et quand il revint à lui, ce fut une nuit charmante.
Lorsque Patrick prenait sa douche après s'être envoyé en l'air, il pensa à remettre juste quelques billets à son amante occasionnelle pour la congédier. Mais à son grand étonnement, Amélia n'a pas accepté qu'il s'en tire aussi facilement après avoir abusé d'elle. Elle a même souhaité qu'il parte bientôt.
Patrick fut momentanément confus. Le connaissait-elle ? Lui qui n'était pas à Northville depuis plusieurs années. C'était clair qu'elle ne savait rien de lui. Mais après quelques réflexions rapides, il s'est dit que peut-être, cette femme jouait à l'idiote.
Au bout de ses réflexions, il revint vers elle et la fixa passionnément. Ses yeux la transpercèrent. Amélia était une très belle fille. Sa peau était aussi claire et douce que le clair de lune. Puis, il lui dit : « Ne sais-tu pas ce que tu dois faire ? Je ne veux pas d'ennuis avec toi. Tu dois prendre une pilule du lendemain. »
Amelia sourit encore, mais ses yeux montraient un peu de ridicule. Sans bouger, elle murmura : « Merci de me l'avoir rappelé. »
Même si Patrick ne lui disait rien, elle ne pouvait pas se permettre de ne pas prendre du contraceptif. Quel risque inconscient, que d'être aussi imprudente pour porter un enfant d'un inconnu ! Elle ne pouvait pas oser prendre un tel risque.
Après la négociation, Patrick s'est tenue devant Amelia et s'est habillée. Un petit sourire aux lèvres, il jeta un regard rapide à Amelia pour la provoquer, mais elle ne le regardait pas.
Pouvait-elle réellement rester insensible à son beau corps en le voyant nu ?
En fait, elle ne le pouvait pas.
Le regard baissé, elle fixait le sol. Visiblement, ses joues semblaient rougir.
En la voyant en cette posture, les yeux de Patrick se sont assombris. Mais ses belles joues et son petit cou ont plus attiré son attention. Immédiatement, une forte envie traversa son corps. Il en fut devenu tout chaud, et pensa qu'il ferait mieux de conquérir son corps encore une fois, et connaître la douceur de ses précieuses lèvres.
Toutefois, cette femme n'avait pas du tout l'air intéressé. Agacé, il fronça les sourcils, après un moment, il étendit ses longues jambes et quitta la suite de l'hôtel sans se retourner. Dès qu'il est parti, Amelia s'est immédiatement mordue la lèvre : « On a passé toute une nuit ensemble, mais quelle raison diable, n'ai-je pas pu le regarder ? »
Quand elle s'est levée, elle sentie une légère douleur dans le dos. Mais c'était juste passager. Elle se dirigea rapidement dans la salle de bain pour prendre sa douche. Mais en quittant le lit, elle aperçut les tâches de sang laissées sur le drap. Elle les regarda pendant quelques secondes et songea : « Aujourd'hui ou demain, tôt ou tard, je suis appelée à connaître ce moment. D'ailleurs n'est-ce pas juste un hymen ? Nous sommes des femmes au 21è siècle, je ne m'en soucierai pas trop ! » Elle ramassa le drap et la porta avec dans la salle de bain pour nettoyer les endroits rouges. Après cela, elle se lava.
Aussitôt qu'elle a fini de se laver, elle remarqua que l'orage s'était arrêté. Heureusement qu'elle était déjà prête pour s'en aller.
Une fois sortie de l'hôtel, Amelia regarda à gauche et à droite. De l'autre côté de la route, elle aperçut une pharmacie ouverte 24 heures sur 24. Un moment après, elle est ressortie avec une bouteille d'eau minérale ouverte à la main.
Levant la main pour vérifier l'heure, elle n'avait plus de temps à perdre. Malgré cette nuit haletante qu'elle a passée, elle devait aller à l'entreprise à l'heure. Ayant vu qu'il ne lui restait plus que 17 minutes pour être au bureau, elle devint très impatiente. Par un geste de la main elle arrêta un taxi, et s'empressa d'ouvrir la portière pour s'y jeter immédiatement. Aussitôt qu'elle a fermé la portière, elle ne prononça que quatre mots, d'une forte et agitée : « Monsieur, Roxxon Corporation. Merci ! » oubliant même de saluer le conducteur, mais ce dernier n'en avait aussi rien à foutre. Il fila.
Lorsque le taxi partit, un homme sortit tout lentement du coin de la rue. Il portait un beau costume couleur grise, une belle montre et deux bracelets de marque célèbre, et une paire de chaussures en cuir haut de gamme. Avec une mine très compliqué, il se dirigea vers l'entrée de la pharmacie. Il poussa la porte vitrée, et entra. Saluant de manière séduisante la fille qu'il retrouva à la caisse, il demanda avec une voix basse : « Qu'est-ce que cette jeune femme vient d'acheter ici ? »
« La pilule du lendemain, Monsieur. »
« Cette femme n'est pas si bête que je le pensais après tout », songea Patrick.
Quelques minutes plus tard.
Une Lamborghini blanche vint s'arrêter devant Patrick. Le conducteur descendit agilement pour ouvrir la portière. « Où allons-nous maintenant Monsieur Hopper ? » demanda le conducteur.
Patrick, qui s'installa confortablement et prit son téléphone portable, ouvrit calmement ses lèvres fines et sortis deux mots : « Roxxon Corporation ! »
Pendant que le taxi filait vers le point de destination, Amelia reçut un appel soudain du bureau. « Bonjour Mlle Ramsay, tout va bien ? D'habitude vous êtes déjà au bureau à une telle heure ... En fait, nous avons aujourd'hui une réunion avec les membres du conseil d'administration à neuf heures. C'est pour accueillir le nouveau directeur général. Tous les membres du staff de direction de l'entreprise seront présents. Où êtes-vous maintenant ? »
Entendant le ton inquiet dans la voix de son assistante Doris au téléphone, Amelia la rassura : « Bonjour Doris, okay ! Ne vous inquiétez pas ! Je serai là tout de suite. »
