Le Gigolo Et Moi

Scarlett se réveilla en douleur.

Sa tête tambourinait comme si elle avait été assommée par un marteau. Elle gémit et ouvrit les yeux, un après l'autre. Son esprit était encore embrumé mais elle pouvait dire qu'il se passait quelque chose d'anormal. Par exemple, elle ne reconnaissait pas la chambre dans laquelle elle était. Scarlett se demanda ce qui lui était arrivé la nuit précédente. Elle ne se souvenait de rien. En fait, il lui fallut au moins cinq minutes pour se rappeler son propre nom.

Elle gémit en essayant de se mettre sur le dos. Elle pouvait sentir le poids de tout son corps, comme si elle avait pris quelques kilos supplémentaires pendant la nuit. Et il y avait cette douleur sourde entre ses jambes comme si...

Un cri sortit de sa bouche lorsque son bras heurta quelque chose alors qu'elle essayait de trouver une position confortable. Quelque chose de dur. Ses doigts y tapotèrent une fois, deux fois. Elle ne pouvait tout simplement pas comprendre ce que c'était. Par conséquent, Scarlett tourna la tête vers la gauche et ses yeux s'écarquillèrent d'incrédulité.

Son esprit lui jouait définitivement des tours, pensa-t-elle. L'homme allongé à côté d'elle de l'autre côté du lit ne pouvait simplement pas être réel. Il ne semblait pas réel. Scarlett fixa son visage qui avait clairement été créé dans le seul but de séduire quiconque poserait les yeux dessus.

Sa mâchoire était parfaitement définie, tout comme le grand pont de son nez et ses épais sourcils. Le souffle de Scarlett se coupa lorsqu'elle remarqua ces cils. Mon dieu, elle aurait aimé que les siens soient aussi longs. Ils se tenaient élégamment sur le haut des pommettes de l'homme, le rendant encore moins réaliste.

Elle approcha sa main hésitante jusqu'à ce que son doigt touche ses lèvres douces. Puis, de manière inattendue, les yeux de l'homme s'ouvrirent en grand. Ses pupilles grises rencontrèrent les siennes brunes.

Scarlett hurla assez fort pour réveiller tout l'étage. Elle s'assit sur le lit en même temps que lui. Elle se rendit compte avec horreur qu'elle ne portait rien d'autre qu'un petit bout de lingerie qui ne laissait que peu de place à l'imagination. Elle couvrit sa poitrine de ses deux mains.

"Q-qui êtes-vous ?!" hurla-t-elle au visage de l'homme. "Que faites-vous dans ce lit, espèce de... de pervers !"

Mais Scarlett n'eut pas besoin de sa réponse. Soudain, les souvenirs de la nuit dernière lui revinrent peu à peu. Elle se souvint être avec son amie Megan. C'était son idée de passer la nuit dans une chambre d'hôtel, de prendre quelques verres et de regarder un film ensemble.

Eh bien... c'était le plan, mais ils n'ont jamais réussi à regarder quoi que ce soit parce que dès que Scarlett avait fini son premier verre de vin, le monde était déjà en train de s'estomper autour d'elle.

Elle se souvint se sentir si épuisée qu'elle devait s'allonger sur le tapis et regarder le plafond. Puis, elle entendit Megan rire, mais c'était différent. Elle semblait être une autre personne.

Scarlett était à peine consciente quand la fille qu'elle considérait comme une amie proche s'est penchée sur elle avec le regard le plus haineux qu’elle n’ait jamais vu. Elle a dit :

"Tu ne trouveras jamais quelqu'un qui se soucie de toi autant que moi, Scar. Devine quoi ? J'ai une surprise. J'ai réservé l'homme le plus exquis de LA pour venir passer une nuit avec toi, gratuitement. Tout le monde qu'il peut littéralement te conduire au paradis rien qu'avec son regard, alors imagine ce que ça fera de l'avoir entre tes jambes... Mais au cas où tu aurais besoin d'un petit coup de pouce, j'ai mis un peu d'aphrodisiaque dans ta boisson. Comment te sens-tu déjà ?"

Scarlett ne comprenait pas la moitié de ce que Megan disait. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle avait extrêmement chaud et avait besoin d'enlever ses vêtements le plus rapidement possible. Elle commença à déboutonner sa chemise pendant que Megan la regardait avec un sourire méchant :

"C'est ça. Mets-toi à poil, salope... Quand Austin verra ces vidéos de toi avec un autre homme, il réalisera enfin que tu n'es rien de plus qu'une garce... "

Scarlett avait envie de vomir.

Ces souvenirs ne pouvaient pas être réels. Megan ne ferait jamais quelque chose d'aussi cruel, pas envers elle. Son épaule tremblait alors qu'elle passait une main dans ses cheveux, sa tête tambourinant plus que jamais maintenant.

L'homme à côté d'elle fronça les sourcils, inquiet :

"Uhm... ça va ?"

Scarlett le regarda avec colère, serrant les dents. Megan avait engagé ce sale type dégoûtant pour coucher avec elle pendant qu'elle était inconsciente. Elle se fichait que ses yeux gris soient si captivants. La beauté ne faisait pas de lui moins qu'un monstre.

Elle saisit la première chose qui lui tomba sous la main. Malheureusement, ce n'était qu'un oreiller. Scarlett s'en servit pour frapper l'homme à plusieurs reprises, ponctuant chaque coup d'un grognement de colère :

"Toi. Putain. De violeur ! Tu as profité de moi ! Je vais te faire pourrir en prison, attends de voir. Je vais aller à la police dès que j'aurai fini avec toi."

Scarlett poussa un cri quand l'homme attrapa l'oreiller quand elle essaya de le frapper à nouveau. Il parvint sans effort à le lui prendre et le jeta de l'autre côté de la pièce. Elle frissonna quand ses yeux devinrent froids comme de l'acier. Sa voix était menaçante quand il dit :

"C'était tout toi la nuit dernière, princesse. Tu étais partout sur moi, si impatiente de te faire baiser. Je ne t'ai jamais forcée, je n'en avais pas besoin. Tu n'étais pas inconsciente quand ça s'est produit. Tu peux aller où tu veux, mais tu ne pourras jamais prouver que je t'ai violée parce que ce n'est tout simplement pas ce qui s'est passé. D'accord ?"

"Fils de..."

Scarlett se mordit la lèvre inférieure, son corps entier tremblant de rage et de honte. Elle réalisa que l'homme n'avait pas tort. Elle ne se souvenait pas de ce qui s'était passé avec lui, mais clairement, elle n'avait pas été forcée. Il n'y avait aucun signe de résistance chez elle. Si elle allait à la police, elle ne ferait que se ridiculiser.

Mais que se passerait-il ensuite ? Y avait-il vraiment rien qu'elle pouvait faire après être tombée dans le piège cruel que son amie lui avait tendu ? Des larmes chaudes couvrirent les joues de Scarlett.

Pour la première fois, elle remarqua les taches de sang sur le lit et cela la fit pleurer encore plus fort. Cela expliquait la douleur entre ses jambes. Elle n'avait jamais été avec un homme avant. Sa première fois a été avec un répugnant prostitué. Il lui avait enlevé son innocence et resterait impuni car elle ne pouvait prouver aucun des torts qui lui avaient été causés.

L'homme suivit le regard de Scarlett et remarqua également le sang sur les draps. Bien sûr, il avait senti qu'elle était vierge la nuit dernière. En la voyant se briser ainsi devant lui, son regard s'adoucit. Il ne savait pas comment réagir. Il ouvrit la bouche mais eut du mal à prononcer les mots qui lui brûlaient les lèvres. Finalement, il dit :

"Écoute, je suis désolé, d'accord ? Je ne savais pas, je…Même si tu étais quand même assez partante la nuit dernière, je suis toujours prêt à prendre mes responsabilités."

Scarlett émit un rire sec. Prendre des responsabilités ? Qu'est-ce que cela signifiait réellement sortant de la bouche d'un gigolo ?

"Quoi, tu vas me rendre ma virginité, c’est ça ?"

Il fronça les sourcils. Elle ne lui laissa pas le temps de répondre :

"Casse-toi de cette chambre ! Maintenant ou je jure devant Dieu, je te tuerai de mes propres mains !"

Il n'eut pas besoin qu'on le lui dise deux fois. Il sauta du lit et ramassa ses vêtements aussi calmement qu'il le put. Il prit le temps de les enfiler malgré le regard meurtrier que Scarlett lui lançait. Puis, il sortit une carte de visite de la poche de son jean et la lui tendit :

"Si tu changes d'avis... Tu peux m'appeler. Je peux t’aider, princesse."

Scarlett attrapa la carte de visite et la déchira en morceaux devant lui.

"Sors." Dit-elle entre ses dents serrées, en pointant du doigt la porte.

L'homme prit une profonde inspiration. Il vit la souffrance dans les yeux de Scarlett et savait qu'elle n’écouterait rien de ce qu'il avait à dire. Alors, il partit.

Dès qu'il sortit de la chambre d'hôtel, il entendit la femme pleurer comme un enfant derrière la porte fermée. Pour une raison quelconque, cela lui fit mal au cœur.

Il n'avait jamais été du genre à ressentir une quelconque émotion et pourtant...

Il se força à partir et prit l'ascenseur jusqu'au rez-de-chaussée. Il sortit de l'hôtel, les mains enfoncées profondément dans les poches de son jean. Lorsqu'il passa la porte d'entrée en verre, il regarda droit vers le ciel bleu clair et prit une profonde inspiration. C'est alors que deux hommes habillés de costumes sombres s'approchèrent de lui, des regards sévères plaqués sur leurs visages.

"Monsieur", le saluèrent-ils à l'unisson.

L'homme détacha son regard du ciel et commença à marcher droit devant lui, ses deux gardes du corps le suivant de près.

"Cette fille..." dit-il.

"Oui, monsieur ?"

"Rassemblez immédiatement toutes les informations disponibles sur elle et faites-moi un rapport dès que possible."

"Oui."

Une Range Rover noire s'arrêta à côté d'eux, l'homme y monta et ses gardes du corps refermèrent la porte derrière lui.